Autrefois...
La "Grande sœur Sept", comme beaucoup de femmes vietnamiennes, portait une chemise "áo bà ba" de couleur claire et était coiffée d’un chignon bas, qui descendait vers la nuque.
A ses heures de repos, elle aimait préparer sa chique. J'aimais bien observer sa façon de faire : elle enroulait la feuille de bétel sur elle même autour d’un quartier de noix d'arec, elle fermait le rouleau ainsi formé grâce au pétiole de la feuille, servait d’épingle à la chique ; elle ajoutait ensuite une sauce rose. Elle mettait le tout à la bouche, et mâchait consciencieusement.
Et avec l'écorce d'arec, elle en faisait une brosse à dents d'appoint.
J'ai tenté de l'imiter...
Elle aimait aussi regarder à la télé du "cải lương" (théâtre rénové) ou écouter la merveilleuse petite "bé" Hương Lan interpréter la "Nouvelle Musique" .
J'ai découvert un jour dans le pot de bonsaï, placé au perron notre maison, une mauvaise herbe, je la lui ai montrée. Elle s’est exclamée : "Rau càng cua ! Rau càng cua !"
Elle en faisait une salade ; elle l’aimait bien, la "Rau càng cua" à la vinaigrette. Moi aussi. Depuis, je surveillais et cueillais pour elle cette petite plante vert clair translucide.
Quant au bonsaï, je ne me rappelle même plus son allure ; le bonsaï gagné par mes parents aux enchères organisé par l'association de management des entreprises du Sud Vietnam.
J’aimais aussi venir l’aider à préparer les "Rau muống chẻ", les tiges de liserons d’eau, que j’essayais d’effiler avec une sorte de couteau économe ; trempées dans l’eau, elles faisaient des jolies vrilles ; à consommer à la vinaigrette aussi.
Aujourd'hui…
J'apprends qu’une de ses petites-filles est aux Etats-Unis, grâce à une bourse d’études. Pour moi, c’est une bonne nouvelle, et je suis contente pour elle.
La Grande Sœur Sept, c’était chị Bảy, originaire de Bình Định, notre cuisinière d’autrefois !
Aujourd’hui…
C’est la journée du Génie du foyer. Toujours en culotte courte et coiffé de son chapeau "à ailes de libellule", il est en train de rendre visite à l’empereur de Jade sur son étonnante monture « carpienne » ; en train de lire son long poème, à son Chef Céleste.
Ma mère lui prépare des offrandes...
Qu’ont-t-ils d’autres comme bonnes nouvelles à rapporter au Chef des Cieux, en cette fin d’année du Buffle, d’après vous ?
06-02-2010